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(KroniK publiée le 03 Avril 2021)
Un Monde ouvert?
On nous l’avait annoncé avec triomphe ! Nous vivions dans un monde ouvert , sans murs et sans limites. Les murs appartenaient à un passé lointain et ténébreux de confrontations idéologiques entre pays enfermés.
Dorénavant, la terre entière nous était ouverte; les frontières devaient disparaître; la libre circulation devenait la règle, que ce soit celle des marchandises, des bénéfices et des hommes.
Et puis voici que dans ce monde sans limite, sans entraves, les murs se sont mis à pousser de tout côté comme des champignons.
Des murs comme s’il en pleuvait!
Des vrais murs d’abord, entre les zones fortunées et les zones infortunées des mondes et des peuples. On a érigé des clôtures, des limites entre les quartiers populaires et les quartiers favorisés.
On a transformé les murs en forteresse pour que les hommes infortunés ne puissent plus les franchir. On a clôturé les bidonvilles, les quartiers pauvres .
La forme des murs est devenue multiple. Il y a les murs réels , d’abord comme ceux de Gaza , ou de la frontière mexicaine.
Mais les murs virtuels, informels , ont proliféré: à coup de vidéo-surveillance, de contrôles policiers, on a érigé des murs invisibles. Tout aussi efficaces; d’autant plus redoutables, qu’ils sont censés ne pas exister.
Les murs qui rassurent
Emmurés, les groupes et les publics exclus doivent avoir en plus le sentiment de s’être enfermés tout seuls , par leur propre faute ou à cause de leurs propres manquements.
Les murs invisibles dorénavant se dressent de tous côtés: entre nous et les autres, avec la distanciation sociale; entre nous et nous mêmes, avec le repli sur soi; entre nous et la société avec l’injonction à ne devoir plus nous préoccuper que de nos propres faillites.
Les murs poussent entre nous et la compréhension du monde. Coupés de l’extérieur et des autres groupes, nous ne comprenons plus le monde qui nous arrive que par les interprétations toutes faites, que nous servent jusqu’à l’écœurement les médias et les réseaux sociaux.
Et voici que l’actualité s’emballe; on nous enferme dorénavant dans nos propres murs. Nos sorties sont limitées. Le monde extérieur n’est plus perçu que comme un “espace de balade”, c’est à dire comme un environnement sans qualité , sans identité , sans potentialité. Un simple espace récréatif de circulation, sans regroupement, ni occupation, et encore moins à habiter.
Nous grandissons dans des murs; ces murs sont bâtis par ceux qui nous aiment, comme autant par ceux qui souhaitent nous contrôler. Ces murs sont érigés au nom de notre sécurité: sécurité intérieure, policière ; ou sécurité sanitaire …
Détruire les murs
Qui pourra démolir des murs que nous ne voyons pas? Qui pourra empêcher que selon la prophétie des Pink-floyd, nous devenions juste d’autres briques dans le Mur ( “Just another brick in the wall” ! )
Les premiers murs que nous avons à abattre sont EN NOUS; ils sont dans nos têtes; dans nos empêchements d’agir; dans notre propension à obéir, à anticiper les interdits, les réserves; à abandonner toute prise de risque.
Les seconds murs que nous avons à abattre , sont ENTRE NOUS; ce sont nos défiances, nos préjugés, notre passion des oppositions, des distinctions, des exclusions. Ils sont dans les mise à distance réelles, symboliques , culturelles et sociales, auxquelles nous consentons par paresse, facilité, habitude ou plus simplement encore parce que nous avons peur.
Enfin les troisièmes et derniers murs que nous avons à abattre sont CONTRE NOUS; ce sont nos cages, nos quartiers, les ghettos dans lesquels nous sommes confinés.
Les murs sont des portes closes à ouvrir, comme celles des lieux sociaux et de culture , fermés, barricadés contre leur public ou contre les habitants; espaces sous- employés du social , bâtiments neufs, salles magnifiques et vides, protégées de la fréquentation du monde.
Sites monopolisés par des entités économiques, sociales , culturelles, qui se réduisent à leurs enseignes. Locaux collectifs maintenus soigneusement fermés au public. Infrastructures à but décoratif…
Il faut ouvrir, rouvrir , toutes les portes qui nous manquent.
Les murs sont des portes qui s’ignorent.
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