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A la manière de "Matin brun" (Franck Pavloff) , je trouve important de réfléchir sur le nouveau climat social , qui nous environne, sous forte pression des médias et institutions, et qui nous impose de nouvelles RÈGLES.
Dystopies (I) - Les nouvelles règles de la vie: Unanimité
« Il n’y a plus rien à discuter, nous sommes d’accord sur tout ». D’ailleurs comment pourrait-il en être autrement ? Nous vivons une ère de la raison évidente, obligatoire. Qu’il est étrange de penser que nous avons derrière nous des siècles de disputes et d’oppositions. Des guerres civiles, des conflits se sont déroulés partout et de tout temps parce qu’il pouvait exister, deux, trois et parfois plus, de visions des choses. Maintenant c’est fini, c’est terminé.
On nous l’a dit, on nous l’a expliqué ; tout cela était l’enfance du Monde, un âge infantile, aujourd’hui révolu. Aujourd’hui nous sommes tenus, obligés de convenir à tout ce que rapporte le ministère de la Réputation.
Et pour cause, la raison est redoutable : douter c’est prendre le parti des criminels du passé ; discuter c’est ajouter au malheur du Monde ; nier c’est agresser.
Est-ce que cela veut dire que tout le monde est convaincu ? Non, cela signifie seulement que parler est une impasse. On n’en sortira pas vainqueurs.
Et, c’est sûr, on en sortira plus seuls encore. »
Ainsi aurait aimé parler Thomas Doherty, si seulement il y avait eu encore quelqu’un avec qui parler sans être effrayé de ce qu’il dirait.
Il faisait partie des personnes âgées, celles dont on se méfie, car elles n’ont pas reçu la « bonne éducation », celle qui aujourd’hui s’apprend dans toutes les écoles, s’inscrit sur tous les écrans, dans tous les médias.
Le ministère de la Réputation se méfiait ainsi de deux catégories sociales particulières ; ces personnes âgées, d’une part et des jeunes pauvres, d’autre part.
Ces derniers ou plutôt les générations de jeunes pauvres des périodes précédant l’instauration du gouvernement d’Union nationale, avaient su se montrer bruyants et visibles par le passé. Profitant de leur nombre dans différentes parties du territoire et principalement dans ce qu’on appelait à l’époque, « les quartiers », ils s’imposaient indûment dans les salles de classe, les cours des établissements scolaires ou dans leur milieu de vie.
Mais c’en était fini aujourd’hui. Les réseaux sociaux s’étaient chargés de mettre de l’ordre dans leurs têtes et leurs comportements.
Ce n’était pas tant que ces jeunes aujourd’hui auraient repris à leur compte, les « règles », du ministère de la Réputation. Ce n’est pas tant qu’ils pensaient pareil, c’est plutôt qu’ils ne préféraient plus penser du tout. En tout cas avoir des pensées de ce genre, sur le cours des événements ; sur ce qui était normal, juste ou injuste…
Qui aujourd’hui pouvait encore penser à ce genre de choses ?
Dès qu’on avait un petit moment, on absorbait des « réels », des vidéos, en scrollant à l’infini sur les réseaux sociaux, où d’autres pensaient et parlaient à ta place. A quoi cela aurait-il pu encore servir de le faire soi-même ?
Aujourd’hui celui qui voudrait discuter, penser n’aurait tout simplement plus personne avec qui le faire.
Mais qu’importe ! Malgré cet apaisement évident fourni par les réseaux sociaux, les jeunes de milieu populaire étaient toujours étroitement surveillés.
C’est dès leur plus jeune âge, que l’on mesurait leur empathie, leur réceptivité aux lois du « vivre ensemble ». Et quand il y avait encore des contestations, ou bien un fait divers qui provoquait un émoi social, c’étaient toujours eux, ces jeunes, qui étaient accusés.
Pourtant la plupart, avait renoncé à toute contestation depuis longtemps.
Le ministère de la Réputation était vigilant. A la moindre contestation des « règles de vie en société », que ce soit par un enfant, ou un adolescent, surtout si cette contestation apparaissait dans un lieu public, ou pire un établissement collectif, le Ministère prenait les choses en main.
Au-delà de l’exclusion, de l’isolement du contrevenant, destiné à « faire exemple », c’était tout un déferlement dans les médias, les réseaux sociaux de dénonciation publique, de mise au ban et de rappels à l’ordre des contrevenants. Une réaction unanime était obligatoire et celle-ci provenait tout à la fois de tous les responsables politiques, administratifs, de toutes les célébrités, et même des sportifs de haut niveau.
La condamnation se devait d’être générale, car ne pas condamner, tout le monde sait que c’est presque pire que de faire.
L’unanimité, c’était la première « règle ».
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