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La répression des acteurs sociaux par les Institutions: les formes traditionnelles (partie I)

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La répression des acteurs sociaux par les Institutions: les formes traditionnelles (partie I)
04 Déc 2024

La répression des acteurs sociaux par les Institutions: les formes traditionnelles (partie I)

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Argument

Quand les institutions ne parviennent plus à faire société, elles se mettent alors à réprimer, et en premier lieu leurs propres acteurs.  La notion de « violence institutionnelle », héritée des années 1970 est largement insuffisante pour rendre compte de ce changement de cap. Il convient d’analyser cette mutation des institutions sociales, culturelles, éducatives, sanitaires vers des formes de répression qui visent tout à la fois, les publics, les acteurs, les dirigeants et même les initiateurs d’actions innovantes.

Comprendre les enjeux, mais aussi les circuits de ces nouvelles violences institutionnelles est nécessaire tant pour se protéger que pour construire les formes d’intervention sociale dont nous avons , plus que jamais, besoin.

Caractéristiques de la répression traditionnelle

La répression traditionnelle était attendue et annoncée

Elle mettait en avant une administration forte, et particulièrement sûre d'elle même , et de ce qu'elle incarnait. Elle exigeait obéissance et loyauté et se montrait sévère vis à vis de ses agents.

Toutefois, pour cette même raison, les différentes administrations de ces institutions devaient en quelque sorte "répondre" de la légitimité et de la justesse de leurs mesures.

Les agents contrevenants étaient en mesure de réclamer de la part de leur administration, des comptes non seulement sur la validité règlementaire des modalités de répression, ou de sanction, mais aussi sur la conformité de ces mesures du point de vue de leurs missions.

C'était souvent l'occasion de combats de procédures et de légalité, qui permettaient aux militants sociaux de mettre en valeur leur message. S'ils n'échappaient toujours à aux sanctions, ils en ressortaient souvent non pas diminués mais confortés par la justesse de leur combat.

L'institution endossait à ce moment là "le mauvais rôle" car elle buttait sur un obstacle: l'agent rebelle ou désobéissant pouvait obliger en retour l'administration à se justifier.

Elle se devait de se centrer sur des actes

En partie du fait de cette nécessité de devoir se justifier , les institutions , pour se protéger mettaient en avant qu'elles réprimaient des actes et des conduites et non pas des acteurs. Certes , certains acteurs sociaux, parmi les plus militants acquerraient une réputation de rébellion et pouvaient en quelque sorte devenir des "bêtes noires". Mais sur ce point également, il y avait une ambivalence, c'est à dire comme une limite dans la répression. L'acteur. concerné pouvait cumuler des blâmes, des retards d'avancement, mais pour autant il n'était pas déconsidéré dans son métier lui-même. Il y avait une sorte de "paix des braves", de reconnaissance de la qualité de l'opposant.

Elle tenait principalement une fonction de dissuasion

la fonction principale de la répression des acteurs sociaux "indociles" jusqu'à la fin du XX ème siècle,  n'était pas tant de pénaliser les contrevenants, que de dissuader la majorité des acteurs de rentrer dans la contestation. Et pour cela, quelques sanctions pouvaient suffire. L'administration était suffisamment forte pour s'accommoder de ses opposants pourvu que l'immense majorité ne les suive pas.

Le but n'était donc pas de réprimer beaucoup, mais, au contraire,  de réprimer le moins possible, pour que la moindre sanction apparaisse comme une anomalie, un événement majeur qui marquerait les esprits.

La répression n'avait alors pas besoin de faire des "chiffres".

Elle provenait d’une source unique et centralisée d’autorité

L'acteur social, et le fonctionnaire plus encore devaient théoriquement un devoir de loyauté et d'obéissance fort, vis à vis de son administration. Celle ci était l'alpha et l'oméga de son univers. C'est vers elle qu'il adressait également ses plaintes et ses sollicitations. Le lien d'appartenance apparaissait comme fondamental; il était cependant exclusif.

Cette dépendance d'obédience, d'obéissance vis à vis d'une source unique d'autorité pouvait paradoxalement garantir une certaine indépendance, que ce soit vis à vis des publics, des bénéficiaires des actions, que vis à vis d'institutions différentes.

Le fait que les risques de violence et de répression viennent en quelque sorte "de la maison", pouvait conforter l'assurance des acteurs vis à vis de partenaires "tiers". On pense par exemple ici à l'indépendance de l'enseignant du début du XXème siècle, que ce soit vis à vis de l’Église ou vis à vis de la Mairie.

L'autorité que l'Institution incarnait à cette occasion, pouvait se "conférer"

En installant l'institution comme source d'autorité, même quand il s'agissait de se confronter à elle, l'acteur social pouvait en retour recevoir une forme d'autorité, dans sa fonction et son rôle.

L'autorité ainsi conférée par l'institution est beaucoup plus simple à endosser pour les acteurs, qu'une forme d'autorité comme on l'imagine aujourd'hui qui repose entièrement sur leurs épaules et leurs prises de risques.

Passage de cette forme traditionnelle de "répression", vers de nouvelles modalités

Une institution est forte quand elle est utile pour ses publics. Dans le cas d'une institution sociale, cette utilité se mesure à la capacité d'apporter des progrès sociaux mesurables et visibles tant du point de vue des individu, que des groupes. Tant qu'on croyait au rôle de promotion sociale, individuel et collectif de l’École, par exemple, cette institution imposait le respect malgré ses modalités de sélection sociale, les plus injustes.

Mais dès lors qu'une institution ne peut plus prétendre à transformer la réalité des gens, elle perd toute autorité et sa légitimité, y compris du point de vue de ses propres acteurs.

Les modes de répression changent alors autant de forme, que de finalité.

 

 

 

 

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