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Les 4 impacts de la Précarité sur la relation au Temps- Partie II : Chronicité et accumulation
Dans la pensée du Travail social classique, très influencé par les conceptions médicales du XIXème siècle, il est courant d'opposer la notion de "crise" à la "chronicité". Dans cette représentation, un trouble peut être soit "aigu", soit "chronique". Or, le phénomène de la Précarité nous pousse à remettre en cause une telle opposition.
Pour la personne précaire, en effet, les deux "effets" se cumulent et forment même un système dont on peut repérer les caractéristiques.
La vie du précaire est en effet remplie d'urgences qui se succèdent les unes après les autres et pour autant les problèmes (qu'ils soient administratifs, sanitaires, sociaux, éducatifs, ...) s'accumulent, s'enracinent, "s'enkystent".
Dans la vie d'une personne précaire, en effet, jamais aucun problème n'est véritablement solutionné et, ce quoi qu'on ait fait dans l'urgence et quelle que soit l'énergie qu'on y a employé.
Une image révélatrice et parlante de cette relation entre urgence et chronicité est facilement observable dans la relation à la Santé. Les personnes précaires sont traditionnellement grandes utilisatrices des services des urgences des hôpitaux. Pour autant, les problèmes de santé de fond, peinent à être pris en charge ou résolus. Les perspectives d'amélioration de leur santé, pour les personnes précaires, s'épuisent dans les heures d'attente dans les hôpitaux , dont on ressort le plus souvent avec du doliprane et quelques conseils inapplicables, auxquels on ne donnera le plus souvent, pas suite. Et cela n'empêchera pas bien entendu , à la prochaine crise, comme aucune solution n'a été apportée de retourner encore et encore aux "urgences".
Le désir implicite de la personne précaire qui tente de résoudre des problèmes de santé, chroniques, sur le mode de l'urgence est qu'une crise plus importante que les autres, le mène un jour à une hospitalisation, au cours de laquelle des soins peut être plus approfondis lui seront prodigués. Cette perspective lui semble plus souhaitable, plus réaliste, que celle qui supposerait qu'il prenne lui même en charge la conduite de ses soins.
La "chronicité", pour les précaires, c'est donc cette sédimentation de tous les problèmes, contournés, mais non résolus , qui surdéterminent négativement l'avenir et les perspectives.
Ce serait une erreur de croire que le précaire n'a pas conscience de cette relation morbide entre "crises" et détérioration de l'état général. Mais cette conscience participe de son désespoir car il expérimente qu'il n'a aucune prise sur le cours de ces choses.
Le "temps" pour le précaire n'a pas d'issue, et pas de surprise. Il n'est que répétition interminable du présent dans une perspective de dégradation certaine.
Pour le précaire, les problèmes administratifs, éducatifs, financiers , de logement , médicaux sont concurrents entre eux. Il passe de l'un à l'autre sans continuité, et avec peu d'efficacité, au gré des urgences.
Chacun de ces problèmes pourrait recevoir , isolément une réponse. Pourtant, ensemble, ils forment un système et chaque problème fait obstacle à la résolution d'un autre. Ainsi les problèmes de mobilité, de santé, de garde d'enfant, et d'emploi font ensemble obstacle à toute solution de l'un deux. Il manquera toujours de l'argent pour résoudre les problèmes de mobilité, qui font eux-mêmes obstacle à l'emploi, etc.
Pour répondre à la chronicité, il faudrait du "global", c'est à dire trouver des solutions simultanées à l'ensemble des sous-problèmes qui en constituent le contexte et la raison.
Le travail social de type communautaire, peut, seul, constituer une occasion de sortie de la chronicité, de la répétition et de l'enlisement dans les mêmes problèmes.
Mais cette culture du Travail social communautaire est bien étrangère, en France et nécessite de nouvelles formations, organisations et pratiques.
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