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Les 4 impacts de la Précarité sur la relation au Temps- Partie III : Indisponibilité et peur du temps

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Les 4 impacts de la Précarité sur la relation au Temps- Partie III : Indisponibilité et peur du temps
21 Juil 2024

Les 4 impacts de la Précarité sur la relation au Temps- Partie III : Indisponibilité et peur du temps

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Les 4 impacts de la Précarité sur la relation au Temps- Partie III : Indisponibilité et peur du temps

  L'expérience de la  précarité modifie la perception du temps. Nous avons vu dans les deux parties précédentes deux spécificités du "temps précaire": l'Urgence et la Chronicité.

La troisième caractéristique du "temps précaire" réside dans l'évidence de l'indisponibilité.  Pour une personne précaire, le temps est toujours un contre-temps.

Nous pouvons dans un premier temps définir l'indisponibilité comme un état ou une situation; contre toute attente, une personne précaire peine à se rendre disponible pour une sollicitation ou une occasion, car toute son énergie et son temps est déjà employé à rechercher des solutions ou à traiter des situations d'urgence. On est ici face à une sorte de débordement  qui épuise le temps non seulement présent mais aussi à venir, puisque  priori le temps est déjà attribué pour des situations prioritaires.

Cette lecture factuelle de l'indisponibilité des "usagers", des bénéficiaires est celle qui s'impose aux acteurs sociaux qui vont à leur rencontre.  Dès lors, l'enjeu au coeur de l'accompagnement va être pour eux de remettre en cause cette situation de débordement et la perception des priorités.  Le projet des acteurs sociaux , face à cette situation d'indisponibilité se focalise sur l'objectif d'amener les usagers à établir des priorités, dans la gestion de leur temps.  Ce qui inspire cette orientation de travail, relève encore et toujours d'une perception péjorative des compétences de la personne précaire  dans deux domines concrets et spécifiques: la gestion (de son temps, de son argent, etc.) et la capacité à établir des priorités (conformes, évidemment,  aux priorités des politiques publiques).

Il est possible d'en rester à ce niveau de constat , qui valide en effet les actions sociales qui y répondent.

Du point de vue d'une pédagogie plus matérialiste cependant, il est certainement plus fructueux d'envisager l'indisponibilité de la personne précaire, non pas comme un handicap, une défaillance, mais comme une protection, une défense.

Qu'on le veuille, ou non l'indisponibilité, ça aide à vivre, ou plutôt à survivre.  Il y a moins de regrets, moins de doutes à assumer vis à vis d'occasions et d'opportunités s'il parait complètement évident que c'était déjà trop tard, impossible, peine perdue.

En rétrécissant le champ de vision , de perception ou de conscience de soi dans le temps, l'indisponibilité constitue une temporalité libérée de deux angoisses: l'angoisse du vide d'une part et l'angoisse de l'inconnu.

Celui qui se ressent indisponible n'a pas ou plus de temps vide, pas plus qu'il ne connaît de moments où il faut prendre de grandes décisions. Une quotidienneté des urgences à traiter, qui se renouvellent constamment et qui ne s'épuisent jamais,  occupe et organise tout le temps disponible ou non.

On ne pourra pas sortir de l'indisponibilité et la personne précaire ne pourra pas s'en sortir  si on ne commence pas par prendre en compte l'insécurité qui la détermine, et pour cela il faut rechercher des moyens pour se rendre collectivement disponibles, car le renvoi à l'individualité est trop anxiogène.

Seul le temps collectif peut venir modifier la perception individuelle du temps et restaurer un peu de souplesse et un peu de possible.

Il arrive très souvent qu'une telle expérience puisse arriver tardivement dans la vie des gens,  tellement la spécificité du temps précaire a pu abolir pendant de nombreuses années, justement la perception du temps et ce que l'on peut en faire.

Durant la période de son développement historique, le Travail social, s'est bien souvent constitué dans l'inspiuration de ses pratiques et théories, sur des notions spatiales. Il s'agissait de développer l'autonomie de déplacement des individus ou des groupes, de favoriser leur dépaysement, d'ouvrir pour eux de nouveaux horizons, d'acquérir d'autres codes en lien avec d'autres environnements.

La Pédagogie sociale s'intéresse davantage, depuis l’œuvre de ses pionniers , à des actions qui concernent le Temps. Or ce n'est pas la même chose de travailler sur l'Espace et sur le Temps. En travaillant sur l'environnement, on mise beaucoup sur l'adaptation, le changement; alors que le Travail sur le Temps s'adresse toujours à la conscience.

 

 

 

 

 

 

 

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