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Pédagogie sociale et rapport au politique (partie 1)

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Pédagogie sociale et rapport au politique (partie 1)
13 Oct 2024

Pédagogie sociale et rapport au politique (partie 1)

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   Pédagogie sociale et rapport au Politique (Partie 1) : Pédagogie sociale et constructivisme politique

Pédagogie sociale ou libertaire?

Pour qui s'intéresse à l'oeuvre des grands pédagogues sociaux, ou aux pratiques socioéducatives qui s'y réfèrent actuellement, la proximité de la Pédagogie sociale vis à vis des pédagogies "libertaires" est frappante.

Des inspirations communes

Outre un vocabulaire commun, et des objectifs empruntant à la même phraséologie, les pratiques basées sur le développement de l'expression personnelle et l'organisation collective sont communes.

Il n'y a nul hasard là dedans, étant donné que ces pédagogies se sont développées souvent de manière simultanée, avec beaucoup de références et d'emprunts de part et d'autre.

Célestin Freinet, particulièrement a bâti progressivement sa pédagogie en s'inspirant de praticiens libertaires, comme Francisco Ferrer, Paul Robin.

De l'autre côté des Pyrénées, l'école Elisée Reclus, qui a fonctionné à Barcelone en 1935-1936, par Felix Carrasquer (voir article en lien) ,  se revendiquait indifféremment des deux formes de Pédagogie.

De fait la Pédagogie sociale ne se différencie des pédagogies libertaires, ni par les objectifs, ni par les méthodes mises en avant, mais uniquement par le sens de la démarche initiale.

Un matérialisme affirmé

Du point de vue des pédagogues sociaux, les actions sociales et éducatives qu'ils cherchent à mettre en place, ne sont pas des expériences. A travers leurs réalisations, il ne s'agit pas pour eux de constituer un modèle, même révolutionnaire,  mais au contraire de pratiques banales, routinières qu'ils conçoivent comme des "bases".

Une forme de matérialisme est à l'oeuvre: le changement vis à vis des pratiques institutionnelles traditionnelles est pensé comme progressif et découlant de l'adoption de "ces pratiques de base". En aucun cas , leur initiative ne pourrait être guidée par la recherche d'une "utopie".

Pour les pédagogues sociaux, le Monde , comme la Société ne sont qu'un et ne font qu'un . Il est donc impossible de s'en isoler. Cette vision réaliste débouche d'ailleurs sur un "matérialisme" social et éducatif qui leur fait espérer que les pratiques "radicales" mises en oeuvre localement auront un effet de changement global.

Cet ancrage matérialiste repose sur l'évidence pour ces pédagogues de deux principes que sont l'irréversibilité et l'inconditionnalité.

Du point de vue de ces pédagogues,  leurs pratiques sont inconditionnelles et,  dans leur projet, s'appliquent à tous, sans rien retrancher à la diversité et aux contradictions sociales;  ils refusent tout cloisonnement, que celui ci soit des âges, des cultures ou des milieux. Selon eux,  cette inconditionnalité repose sur un accès universel et le principe de don et gratuité.

Et c'est justement à cause de cette inconditionnalité que leur Pédagogie leur apparaît également comme inévitable et irréversible. De même que l'acteur social qui applique progressivement les principes et pratiques de la Pédagogie sociale, ne saurait jamais revenir en arrière pour retourner à des pratiques traditionnelles (car il a fait concrètement l'expérience de leur nuisance ou inutilité),  au niveau de la Société elle-même, le changement opéré par ces pratiques, ne pourra pas s'effacer et est appelé à s'étendre.

Cette "base matérialiste" de la Pédagogie sociale prend en compte à la fois la réalité de l'hostilité des institutions face aux changements engagés et la minorité des initiatives du fait de la difficulté induite par cette opposition.  La pédagogie sociale donne un sens à cette résistance au changement très différent de ce qui transparait des expériences libertaires.

Du point de vue de la pédagogie libertaire, en effet, les échecs des expériences éducatives et sociales s'expliquent en général par un rapport de force défavorable qui a amené l'échec des expériences et qui démontre l'immaturité du corps social ou des promoteurs. L'échec devient dès lors un enseignement sur lequel il faut compter avant d'élaborer de nouvelles expériences.

Curieusement, malgré leurs difficultés et leur fragilité intrinsèque, les actions en Pédagogie sociale ne connaissent et ne "reconnaissent" pas d'échec.

L'intuition profonde des pédagogues sociaux, qui repose sur le constat quotidien de leur action, est que le bénéfice de ce travail sur le collectif et les individus, n'est jamais perdu.

Même si les structures, s'appuyant sur la Pédagogie sociale, disparaissent fréquemment, à l'inverse peut être de ce qui se passe pour des expériences relevant de l'Education nouvelle et/ou libertaire, l'impact de telles expériences demeure sous la forme d'une demande , d'une "attente". L'initiative, en quelque sorte, a "fait ses preuves" et celles ci sont durables.

Le constructivisme en pédagogie sociale

Alors que les expériences en Pédagogie libertaire, "enregistrent" la capacité de l'environnement social et institutionnel à s'en accommoder ou non, les initiatives en Pédagogie sociale s'attachent à construire d'abord la recevabilité de l'expérience, pas à pas, en travaillant à partir de la réalité sociale, elle-même.

La Pédagogie sociale s'emploie à construire en premier lieu une communauté, non coupée de l'environnement "naturel" et local, qui pourra saisir tout le sens à la fois des avancées, des limites et des obstacles.

C'est la transformation de l'environnement naturel, en communauté qui est le premier bénéfice de toute initiative en Pédagogie sociale et celui ci est durable, quel que soit le destin des actions spécifiques prises une à une.

Il s'agit là d'une construction politique qui rend possible le sens même de la Politique, en inscrivant directement l'individu et le collectif dans cet enjeu.

La question de la Politique , en Pédagogie sociale n'est pas "secondaire" au sens où nous pourrions en premier lieu mener une expérience éducative et sociale, collective (dénuée de politique) , et nous interroger secondairement sur les conséquences induites par cette expérience, dans une vision politique. Il s'agit au contraire d'une opération d'emblée politique par son initiative en rupture avec son environnement,  mais complètement en phase et en lien avec la complexité de la réalité dans laquelle elle prend place.

 

 

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